Pour son avocat Maître Bénito AGBO, Jamel Haoua avait le » profil du coupable idéal « . Fragile psychologiquement, détenteur d’un badge donnant accès à une imposante résidence de la Confluence, fer de lance de la mixité sociale dans ce quartier émergent et déjà condamné pour avoir mis le feu cours Charlemagne en 2012, les policiers et la juge d’instruction étaient persuadés en avoir fini après son interpellation en octobre dernier avec l’affaire de » l’incendiaire du Monolithe « .
Une série de faits récurrents survenus dans les sous-sols de l’immeuble phare de la rue Denuzière. Pas moins d’une douzaine au cours de l’année 2013 créant une véritable psychose auprès des habitants. En janvier l’incendie d’un container à poubelles avait contraint à l’évacuation d’une quinzaine de personnes handicapées du centre Adelaïde-Perrin. Rebelote le 23 mars avec cette fois 40 personnes obligées de quitter leur logement en plaine nuit et ainsi de suite jusqu’au 10 septembre.
Condamné à 18 mois de prison ferme
Les foyers étaient allumés vers 2 heures du matin ajoutant à la panique et faisant craindre une escalade. Si Jamel, sans emploi et logé par » Habitat et Humanisme » n’avait pas confié à un de ses éducateurs être l’auteur du feu de matelas de 10 septembre sans doute serait-il passé au travers des gouttes et surtout des images d’une vidéosurveillance peu opérationnelle pour un immeuble flambant neuf.
C’est précisément sur cet aspect du dossier que Maître AGBO s’est appuyé relisant les témoignages éloquents des occupants se plaignant que tout le monde ou presque avait accès au parking, badge ou pas badge. Gamins buvant des canettes entre deux voitures, drogués se faisant un fix ou même une prostituée en pleine action. Autant dire que sans ADN ni reconnaissance formelle d’un homme, dont son neveu qui dit » qu’il n’est tout seul dans sa tête » et dont le discernement est altéré selon l’expert psychiatre, était difficilement condamnable pour sept des faits retenus dans l’ordonnance de renvoi. Il a tout de même été sanctionné par 18 mois de prison ferme avec maintien en détention et suivi sociojudiciaire. Loin des 30 mois requis par le parquet.
Michel Girod